Témoignage de Juliette Mollo après les évènements tragiques de Paris

Juliette MOLLO

Juliette est étudiante à la Sorbonne et vit à Paris. Elle fait partie du “Club des jeunes talents”. Ce club de réflexion a pour finalité de débattre et de faire émerger des idées nouvelles pour tenter de pallier les problèmes de société.

A la suite des évènements de vendredi , elle nous a envoyé une lettre qui illustre son ressenti après le carnage qui a été perpétré sur notre territoire.

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Un recueillement absolu a pénétré les rues pavées d’un Paris blessé en son cœur. La douleur est palpable, les visages sont tristes et un voile d’angoisse couvre la capitale. Le chant dissonant et lointain des sirènes impose à notre pas une froide cadence, telle l’ombre d’une horreur planant toujours au-dessus de nos têtes. L’urgente lutte pour la vie ébranle le paisible remous de nos habitudes quotidiennes.
Pourtant, la République est là et nous unit. L’harmonie dans nos mouvements et dans nos chants apparaît aux yeux du monde comme une unité sans faille. Un peuple tout entier a entonné d’une seule voix l’hymne national, le chant d’une France fière et victorieuse. Soyons cette voix qui dit non, non au fanatisme, non à l’intolérance et à la tyrannie, non à la haine. Le monde entier s’est revêtu de bleu, de blanc et de rouge. Le geste est fort. Il m’a ému, il nous a tous émus… Nous ne pouvons qu’être reconnaissants de cette solidarité au delà des frontières. Mais l’unité doit être totale… Si je ne supporte pas la haine, je ne peux non plus admettre la violence de l’amalgame. Les musulmans aussi doivent exprimer leur colère et blâmer un extrémisme qui ne leur correspond pas… Se terrer dans le silence est insupportable.

Nous ne nous laisserons ni impressionner ni abattre par une armée de soudards, dénués de toute humanité, de toute sensibilité et vides de vie. Jaloux et misérables, ils ont voulu frapper la joie. Ils ont voulu assommer notre liberté d’avoir l’insolence d’être. La matraque cèdera sous la puissance du rassemblement. Des milliers de bougies éclairent la capitale, tel un espoir triomphant. Paris est un semeur, disait Hugo. Où sème-t-il ? Dans les ténèbres. Que sème-t-il ? Des étincelles…
De la fragilité humaine procède la beauté de la vie. Ces actes barbares nous en ont rappelé tristement la vulnérabilité. Nous n’avons pas de temps pour l’animosité et la torpeur et ne fléchirons pas. J’ai retenu mon souffle un vendredi treize au soir, mais je respirerai toujours avec ardeur l’air frais de l’aurore.

L’heure est au recueillement ; la situation exige ensuite l’action. L’esprit occidental doit combattre avec détermination la complexité du procédé terroriste. Fermeté et sévérité, rigueur et vigilance, action et détermination devront être les maîtres mots des forces politiques françaises. Nous avons besoin d’un effort continu. C’est en intégrant profondément l’état de guerre dans lequel nous nous trouvons que nous pourrons prendre les mesures nécessaires pour défendre et protéger les citoyens français. Comment ne pas s’inquiéter en traversant les rues, en prenant le métro ou en allant étudier… Nos dirigeants nous ont prévenus… Les répliques sont possibles. D’autres lieux symboliques peuvent être ciblés… Et notamment les universités, cœur de la jeunesse éduquée « à la française » et représentant les dirigeants et acteurs du monde de demain… Nous avons besoin de personnes armées dans les lieux les plus stratégiques !
J’ajouterai, pour finir, que toutes les facettes de l’éducation sont aujourd’hui visées. Ces terroristes représentent, chacun, l’archétype de la personne manipulée. Cela n’excuse rien, mais renforce cette idée fondamentale selon laquelle l’éducation sera aussi l’un des grands boucliers contre le danger de l’idéologie et de la radicalisation. Ne le négligeons pas. Ayons l’impérieux devoir d’agir immédiatement.

Juliette MOLLO